"Je me noyais dans l’alcool.
Maintenant je ne peux que me noyer dans ma souffrance, dans mes larmes."
Je voulais tellement donner la vie
mais je n’ai pas su profiter de cette chance. L’envie de boire était plus
forte.
Aujourd’hui, la journée a été particulièrement longue. A
peine suis-je rentrée chez moi que je me dirige vers mon espace à coucher et
enlève tout cet apparat. Enfin en bonne tenue, je me jette dans mon lit et me
plonge dans la foulée dans un sommeil profond.
Je sens les heures qui passent sur moi, cette tranquillité
de la nuit quand soudain cette douleur revient en moi.
Je sens mon corps qui se
tort de ce manque.
Je me sens me crisper et verser toutes mes larmes de mon
corps. Le deuil est quelque chose de difficile. Plus encore quand tu
aurais pu l’éviter.
Je savais bien les risques que pouvait avoir la vie de ce bébé mais ma dépendance à l’alcool était trop forte.
Je savais bien les risques que pouvait avoir la vie de ce bébé mais ma dépendance à l’alcool était trop forte.
Je ne me
voyais pas sans elle.
Je savais très bien que pendant la grossesse il ne fallait
pas toucher du tout à cette chose si esquisse mais la tentation était trop
grande.
Ce besoin de se sentir bien avec cela, ce besoin d’avoir la sensation
d’oublier. De se mettre la tête à l’envers, d’être une autre version de
nous-même. La meilleure ou la pire ? On ne sait pas.
Les premiers mois, j’ai su résister et j’étais responsable de cette vie en jeu.
Les premiers mois, j’ai su résister et j’étais responsable de cette vie en jeu.
Cependant, il y a
des moments où tu ne contrôle plus rien et que tu te laisses aller vers tes
sentiments, tes barrières baissent et c’est la catastrophe.
Je m’en souviens.
On était à une soirée avec mon compagnon
et on profitait de ce petit moment de calme. J’étais déjà bien avancée dans ma
grossesse.
Je me sentais bien et me faisais à l’idée d’être mère prochainement.
Nous discutions tranquillement quand un groupe de jeunes se mirent dans mon
champ de vision. Ils étaient dans l’état de la fête . Ils semblaient heureux
avec une bouteille dans les mains, tellement déconnectés du monde.
Je les
enviais et je voulais tellement les rejoindre.
Je me suis mise à maudire
inconsciemment cette « chose » qui n’avait rien demandé et qui
n’était pas là pour se défendre.
Je voulais revivre cela, je regardais ces
jeunes comme une obsession avec un mélange de nostalgie. Cela devenait malsain.
Nous étions toujours en échange mais il avait remarqué que je n’étais plus
attentive. Il s’arrêta et regarda ma distraction.
Quand il comprit ce que
c’était, il s'est mis dans tous ses états. Il me répliqua que ce n’était plus pour
moi, que j’étais plus forte que ça et que la tentation pouvait être vaincue.
Il me
rappelait l’importance de cette vie qui était en moi et qui était attaché à
moi.
Je l’écoutais à moitié mais je savais que c’était vrai.
Il voulait me
protéger mais je n’ai pas su l’écouter et j’ai agis.
Je me suis levée et je me suis
dirigée vers eux.
Je leurs ai demandé maladroitement si je pouvais boire avec
eux.
Une des personne remarqua la rondeur de mon ventre et me regarda avec un
regard rempli de jugements . Je dis simplement :" je sais que je suis enceinte mais
je veux boire, l’envie est plus forte que pour moi. Je n’y arrive plus. J’en ai
besoin. Je suis en manque. J’en ai tellement envie, je me dis qu’un peu ne
devrait pas me faire de mal après tout."
Les jeunes semblaient me comprendre et
me voir comme une personne « thug » et non comme une irresponsable.
Après ce petit interdit, je retourne d’où je venais mais il n’était plus là. A
la place, il y avait un mot : « Tu me déçois, je t’ai soutenu et je
t’ai aimé mais c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Tu es irresponsable
et je ne peux pas, ne peux plus rester avec toi. Je t’aime mais tu es parti
trop loin. Pardonne moi, Béatrice. »
Je me suis effondrée et je me suis trouvée vraiment idiote
de ce que je venais de faire.
Je tenais tellement à lui et j’ai tout foiré à
cause d’une addiction merdique qui détruit des vies.
Il était mon tout et
maintenant j’ai comme un vide.
Je me suis dis que je n’étais pas aussi seule
que cela car j’avais encore cette vie en moi.
Erreur.
Quelques temps après, j’ai fais une fausse
couche à cause de mon envie d’un
soir.
J’ai par la suite, fais une dépression, étant sans repère et n’ayant plus
aucune raison de vivre.
Je n’arrivais pas à regarder mon ventre sans me sentir coupable.
Je n’arrivais pas à regarder mon ventre sans me sentir coupable.
Sans avoir de mourir avec tout ce que j’avais fais.
Mes proches s’inquiétaient
et m’ont mis dans une clinique pour m’aider.
J’ai été envoyé en addictologie et
j’ai eu un suivi psychologique.
Au bout du compte, j’ai réussi à vaincre mon addictologie
mais ma dépression a du mal à se détacher de moi.
Le soir, j’entends comme des pleurs.
Le soir, j’entends comme des pleurs.
Cette nuit où j’ai perdu mon enfant me hante.
Je ne sais pas ce que je
fais encore en vie, c’est cela la vérité.
Je me noyais dans l’alcool autrefois,
maintenant je ne peux que me noyer dans mes larmes.
C’est ce qui me reste après
les ravages de l’alcool.
Un corps morcelé dans le confort de sa baignoire.
Je
regardais le vide, c’est tout ce qui me reste dans ma vie.
- By Yma.
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