Chapitre 9 : Un baiser de fous.
La nuit me semblait pensante.
Elle me baignait de solitude, de désespérance et de tristesse. Il y avait Amy
actuelle, dans un coin de ma tête mais cela ne changeait pas grand-chose. Il y
avait un vide cruel en moi. Dans ce désarroi d’émotions, je ne cessais de
songer au faite que tout cela n’était qu’un terrible mauvais rêve et qu’à mon réveil, tout redeviendrai normal. Je
m’attachais à ce rêve avec panache mais rien de cela n’arriva. Quand j’ouvris
les yeux, j’étais belle et bien toujours dans cet endroit horrible. Enfin, nous
étions là, Amy et moi. Il faut croire que
c’était notre place.
Les premières nuits, ce n’était pas
agréable d’être là. Je restais enfermée et seule à attendre que le temps passe.
Puis, un soir, en pleine nuit, ne trouvant pas le sommeil, je décidai de me
lever. Enfin décider était un grand mot car j’avais du mal. A chaque tentative,
je ne me sentais pas bien, comme prise
de nausées. Quand j’y arrivai, je me dirigeai vers le couloir tout en faisant
le moins de bruit possible. Etant dans le noir, la discrétion était assez
complexe. A un moment, je vis un faisceau de lumière de lampe torche et j’ai
pris peur. Je me réfugiai dans l’endroit le plus proche afin de ne pas me faire
prendre et là je tombai nez à nez avec lui. Il était beau et majestueux à
souhait. Juste en face de moi, il y avait un tableau qui faisait transmettre
des émotions qui partaient dans tous les sens. On voyait et ressenti l’énergie,
le mouvement, la vie, les émotions de cet artiste. Il y avait des spirales, des
pointillés, une tour noire, un village, un beau ciel. Je lis l’intitulé du
tableau sous le cadre : La Nuit
étoilé, de Vincent Van Gogh. Ma version physique d’Amy du XVI é siècle n’a pas
pu le connaitre de près ou de loin mais qu’est-ce que je suis contente de
pouvoir tomber sur une toile qui exprime la compréhension que beaucoup de
personnes recherchent. Grâce à ce tableau, je me sens un peu comme chez moi,
enfin c’était beaucoup moins dur à supporter.
Ce tableau m’intriguait énormément.
Je me sentais proche de lui sans en savoir la raison réelle. Ce qui me
dérangeait c’est que je n’avais d’informations sur ce peintre et ni sur le
contexte de cette étoile. Je vis au loin une personne qui avait aussi des
troubles du sommeil. Je me dirigeai vers cette personne dans la totale
discrétion et l’importuna en lui demandant des renseignements sur ce fameux
tableau. Cette personne, bien aimable, m’expliqua les origines de cet artiste
et le contexte de cette toile. Elle a été peinte quand il était interné dans un
hôpital psychiatrique. Il avait représenté la seule vue qu’il avait depuis sa fenêtre. Je remerciai cette
pensionnaire et reparti en direction de ma chambre. Sur le chemin du retour, je
réfléchissais à ce que cet individu venait de me livrer et me rendit compte de
certains choses : j’étais captivée
par la folie de quelqu’un, ce tableau était dans un hôpital psychiatrique. Tout
revenait au fait que j’ étais plausiblement folle et bonne pour être
internée pour une éternité. Après tout, je vis avec une version mentale de moi
qui n’est pas de la même époque. Je partage deux esprits dans un même
corps !
Assise de nouveau sur mon lit, j’essayai de me
calmer pour ne pas sombrer dans la folie et dans la dépression. Je passai une
bonne partie du peu de temps qui restait à faire du centrage et à penser à
l’extérieur et à ma vie d’avant. Avant tout ça. Je parlais un peu avec Amy
aussi pour ne pas qu’elle se sente seule. On parlait un peu de nos époques
respectives. Après tout, quand on est seule , on ne l’est pas vraiment avec
soi-même. Un peu avant que les rayons du soleil ne virent pointer le bout de
leurs nez à travers ma fenêtre, je
sombrai dans un court sommeil.
Au début du séjour, je n’arrivais
pas à m’y faire à cet endroit froid et triste. Je ne cessais de me répéter que
ce n’était pas vraiment mon endroit. Oui, encore il y a peu je pensais
l’inverse mais si je m’aventurais dans cet engrenage, que je me conformais à
cette idée, j’allais vraiment finir par l’être. Je ne voulais qu’une chose,
c’était de sortir et de retrouver ma liberté. Au bout d’un certain temps, j’ai
commencé à m’y faire à l’endroit et aux activités qui étaient proposées comme
des jeux collectifs que je n’aimais pas du tout et la peinture qui me donnait
beaucoup plus envie. Je me disais que cela pouvait me permettre de me
rapprocher de Vincent Van Gogh. Je me sentais un peu comme lui et c’était très
plaisant.
Devant mon chevalet , je fermai
les yeux pour me concentrer sur ce que je voulais faire ressentir sur cette
toile , pour l’instant vierge . Je repensai à ce moment avec ma sœur sur le
toit , devant cette étendue d'étoile , qui me faisait tant de bonheur . Je me projetai dans le passé, et ressentie mon
âme d'enfant reprendre le dessus sur cette balançoire entre les rires et les
pleurs . Ma sœur me manquait et je
décida de représenter ce ressenti. Je fermai les yeux très fort et fit le vide
en moi pour ressentir l’art au plus profond de mon corps. Après quelques bonnes minutes de passion ,
une voix me stoppa .
- Très joli, que représente - t -
il ? me demanda un interlocuteur masculin, identifiais- je avec son timbre de
voix .
- Cela est personnel, dis-je en
m'excusant sans raison , et bêtement .
- Je vous en prie. Je sais
remarquer une vraie artiste devant moi quand j’en vois une , me dit -il pour me flatter .
- C'est bien gentil, jeune homme , mais ici , ce n'est pas une école
d'art , donc en d'autres termes , je ne suis pas une étudiante , ou une
professionnelle , je ne suis que ....
- Belle , non magnifique , splendide , que dis-je splendide ? Aucun
mot n'égalerait pour vous décrire, gente
demoiselle , continua-t-il d'une voix sympathique
.
- Oh, dis je surprise tout d’abord , un connaisseur de Cyrano de
Bergerac , très joli . En revanche, excusez moi d’écourter vos rêves et vos
espoir mais votre mascarade romantique est perdue d’avance. Mon cœur est déjà
pris depuis fort longtemps, lui répondis-je en finissant ma phrase en même
temps que mon œuvre .
- Quel dommage pour ma part , mais cela se comprend vous avez la beauté
de votre œuvre. Vous êtes-vous même un chef -d’œuvre. Vous respirez les émotions du tableau
derrière un faux sourire narquois.
- De
quel droit osez-vous me jugez de la sorte ! Vous ne manquez pas de culot ! Je m'en vais !
Au revoir .... , dis je en me retirant de ce lieu et en emportant ma toila sous mon bras .
- Excusez-moi, me happa un peu perdu. J'ai oublié de me présenter ,
William Middleton et vous , mademoiselle
?
Je le laissa chercher tout seul, je n'étais pas là pour me faire des
amis. Du moins, ce n'était pas mon but
premier.
Je retournai donc dans ma chambre ,
monochrome et vide . Elle n'était pas faite pour qu'on se sente bien mais c’était le seul endroit que je
considérais en sécurité pour faire le point avec Amy.
- Merci de m'avoir débarrasser de
ce pot de colle en "mentionnant William" , commençais- je .
- Mais je t'en prie , c'est la moindre des choses , je commençais à
m'ennuyer dans ta tête , fit Amy actuelle en rigolant en moi .
- Mais n'empêche qu'il est mignon, enfin je pense , vu que mes yeux
étaient fermés .
- Mais pour la bonne cause, tu devais vider
tes émotions. J’espère qu'en faisant cela , tu t'es sentie plus légère. Ne t’en
fais pas pour ce garçon , je chercherai
dans tes souvenirs pour voir s'il en fait parti .
- Ok , mais ça ne veut pas dire que je
ne peux pas m'en approcher , n'est-ce pas ?
- Reste prudente, on ne sait jamais . Et
puis tu dois jouer mon rôle, donc tu es toujours amoureuse d’Aaron.
- Mais de toute manière il ne viendra
jamais, ça sert à quoi !!
- Dors ! M'ordonna Amy qui était
coincée dans ma tête , par pensées .
A mon réveil, je me sentais mieux, et prête pour une nouvelle journée.
Je pris donc ma douche, et mon carnet, où je notais toutes sortes de choses
diverses mais surtout personnelles.
Par exemple, Amy y avait marqué les premières strophes pour le spectacle de
fin d’année.
Aujourd’hui, pour faire plaisir à Amy,
et me faire pardonner de ce qui s'était passé hier, je me décidai de rédiger
une strophe, mais jamais sans musique !
Je m’installa donc sur un banc, sous un
arbre très beau et très fleuri , pour
m'inspirais . Je ferma les yeux, pensant que comme pour la peinture , ça me
viendrais tout seul , mais je me trompa . Étant un échec, je pris soin de
regarder les notes qu'elle avait laissé mais aussi mes deux premières strophes
:
"
Mes yeux rouges de fusions
Font
battre mon cœur en pulsions.
Je
suis perdue,
Dans
ce monde d'ange déchus.
Mon
cœur se ferme, comme mes yeux
Pensant
à mon reflet dans le miroir
Qui
me terrifie le soir,
Et
n’éteint pas en moi, le feu . "
Cela me semblait compliqué de faire aussi bien qu'elle , j'étais douée
pour la peinture et non pour les mots ...
Pour m'aérer la tête , je m'en allai
près du petit lac que possédait l'hôpital psychiatrique , laissant sur
le banc mon petit carnet pour ne pas qu'il m'encombre .
Auprès de ce lieu , je me sentais si
bien. Il était si apaisant. J 'étais comme connectée à lui .
- Tu ressens ce qu'il te procure,
n'est-ce pas ? Me demanda Amy .
- Oui, mais je ne sais pas comment
le décrie , je ne suis pas aussi talentueuse que toi .
- Ferme les yeux, et concentre
toi et tu finiras par trouver , me
conseilla- t- elle .
- D’accord.
- Mais je t'interdis d’écrire
quelque chose qui ne rime pas, ou qui ne soit pas romantique, me mit -elle en
garde .
- Tu te calmes, moi j'ai le
pinceau, et non la plume depuis que je suis petite , dis-je vexée .
- Oh , c'est bon ! Pardon .
- Excuse pardonnée, dis-je en riant.
Bon reprenons notre sérieux : que dis-tu de ça ? L'inspiration m'est venue toute seule, à
l'instant , m'exprimai -je avec enthousiasme , tu es prête ?
- Prête, si tu es prête .
- Notre amour est comme cet eau,
elle est pure ou non j'ai mieux : Sans
toi je suis comme Neverland , perdue et
isolée dans la mer de mes pleurs. Je suis personne ...alors qu'avec toi je
deviens l'ange de mes cauchemars, la
touche de blanc dans ce monde de haine , grâce
à toi je deviens tout mais surtout quelqu'un .
- Si je pouvais pleurer je le
ferais, dit -elle émue .
-
Donc je peux ajouter au choix soit ce que je viens de te dire ou le tout
petit début en juxtaposition de ton poème ? , demandais-je si fière .
- Non , tu ne peux pas , ça ne correspond
pas du tout . La troisième strophe doit faire ressentir de la tristesse. Non
pas besoin de me faire tout un grand discours sur le fait que tu n’en sois pas
capable car je sais que c’est faux : tu la ressens la tristesse. Jane te
manque, elle me manque à moi et vu que je suis dans ta tête, ça revient au
même. Utilise tes émotions pour écrire.
- Tu es compliquée dis-donc ,
remarquai - je .
Une voix m’appela au loin qui me fit retourner
vers le banc .
- Ah , William , que me veux tu ?
Demandais- je simplement sans émotion apparente.
- Je suis rassuré que tu
t’appelles bien Amy Bosh , et je
voudrais t'apporter mon aide .
- Comment sais-tu mon prénom ?
Répondis-je surprise tout en songeant qu’il était peut être un psychopathe.
- Tu as laissé ton carnet sur le
banc , et sur la couverture, il y a ton nom et ton prénom, m’exclama t-il en me
riant au nez.
- Bien , mais je n'ai pas besoin
d'aide , répliquais- je sérieusement .
- Tu as l'air si triste , ça me
fond le cœur , laisse-moi dessiner sur ton visage un joli sourire digne d'une
jolie demoiselle .
- Qu'est -ce que tu n'avais pas
compris dans " Mon cœur est déjà pris depuis fort longtemps " ? Ce
n'est pas sorcier ! J'aime déjà quelqu'un !!! Affirmais-je de pleine voix
remplie de colère et de pitié pour ce charmeur.
- Quel est donc le prénom de
celui-ci ? Me lança t -il .
Des pas se firent entendre
soudainement. En une fraction de seconde, il
se tenait juste devant moi c'était incroyable comment sa présence me
déstabilisa pendant un court instant. Il me fallut énormément de concentration
pour reprendre mes esprit et être apte à lui répondre. Il était venu me rendre visite. Il avait
senti ma détresse …
- Aaron , et le tien pour que le
mette sur ta pierre tombale ? Hurla -t -il .
- William, voyons tu ne te souviens
pas ?
- Devrais-je ? Lui demanda mon copain.
- Tu joues bien la comédie devant
elle, dit-il en souriant .
- Je ne joue rien du tout , mais
par contre tu tombes mal , provoqua
Aaron .
- Ah oui , vos retrouvailles.
Pardonnez-moi , je ne voudrais pas déranger ça : Entre la fille qui parle
toute seul et son copain jaloux .
- Elle n'est pas folle, je te
défends de dire ça d’elle, tu ne la connais pas.
- Nous sommes dans un hôpital
psychiatrique, tu crois qu'elle est normale, réfléchis un peu , Aaron !!
- Je suis fou amoureux d’elle, c'est
ce qui m'a permis d'être là ! Maintenant, excuse-moi mais sans vouloir
être trop méchant, il me semble qu’il y a une personne en trop dans la
discussion !
- Et c'est toi, affirmais je en lui
envoyant un regard noir , et en me dirigeant avec Aaron autre part .
Nous nous trouvâmes dans ma chambre,
qui n'avait rien de romantique pour des retrouvailles.
- Tu faisais quoi avec lui ? Protesta- il
d'un air jaloux .
-
Rien j'étais en train de parler avec Amy au bord du lac et il m'a appelé ...
- Pardon tu discutais avec qui ?
- Amy ....
- Non me dis pas que celle que j'aime
est enfermée en toi, Amy que j'ai rencontré au lycée ..
- J'en ai bien peur, j'ai peur , très
peur Aaron .
- Mais comment c'est possible ?
Prononça-t -il entre les dents .
- Tu te demandes vraiment ?! Mais voyons, c'est comme d'habitude !!!
- Attends tu veux dire que c'était le
William , constat-il horrifié .
- Les cauchemars vont bientôt commencer,
prépare toi ....
- Mais avant de vivre un cauchemar,
j'aimerai ressentir le monde du rêve , me dit-il en souriant puis en
m'embrassant .
Je fermai les yeux pour que ça
soit encore plus magique qua ça l'était déjà. Je me sentais libre. J'avais
repris mon corps. J'étais enfin Amy Bosh , la fille la plus heureuse à ce
moment-là et je compris pourquoi quand
j'ouvris les yeux ...
Autour de moi, des couples de fantômes
nous entouraient. C’était quelque chose d’incroyable, de fascinant et de
romantique. J’avais un peu l’impression d’être dans le clip de la
chanson : « Loin du froid de décembre » dans le Disney
D’Anastasia. Sauf que c’était encore mieux. Pourquoi ? Ces couples, ces
couples, représentaient Aaron et moi ,
à des époques différentes : le Moyen -
Age ; la Renaissance , les années 60 et d’autres encore . J’en revenais pas de
ce que je voyais, vraiment. Tous ces styles vestimentaires, toutes ces coiffures,
tout cet amour entre Aaron et moi. Tant de nous pendant plusieurs années voire
des siècles. A ce moment-là, je me disais que c’était ça le vrai Amour. Que
c’était un peu un Amour en Noir et Blanc, un voyage dans le temps vers un amour
en pellicule de photographie.
Après ce petit moment, je pris mon
stylo à plume et nota dans mon carnet :
« Ce n’est pas l'endroit qui rend le moment magique mais c'est avec qui
on est qui le rend inoubliable. »
Puis j’enchainai avec ce que j’avais écris
sous l’arbre cet après-midi :
« Sans toi je suis comme Nerveland
, perdue et isolée dans la mer de mes pleurs , je suis personne ...Alors
qu'avec toi je deviens l'ange de tes cauchemars
, la touche de blanc dans ce monde de haine , grâce à toi je deviens tout mais surtout quelqu'un .
Je
t'aime Aaron . "
Je
le regardai encore un peu avec ma passion jusqu’au moment où il devait s’en
aller. L’heure des visites était finie. La romance s’en était aller, la
solitude et la folie virent me rejoindre et habiter l’absence qu’il avait
laissé en moi.
- By Yma.
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