Sur le
chemin pour rentrer à mon appartement , je sens les regards sur
moi.
Ils semblent grands, pesants. Surtout ils semblent juger.
Ils pensent me connaître, en me voyant faire des aller retour sans
cesse avec une tenue provocante . Ils ne savent rien , du moins ils
ne savent que ce qu’ils les arrangent.
Ils maintiennent leurs jugements pour pouvoir dire qu’il y a la “pute “ du quartier.
Sous le
lampadaire, j’ai l’impression que mes “ crimes “ sont mis
sous les feux des projecteurs.
A ce moment là, je cours, je
m’enfouis et m’engouffre dans la nuit noire. Je me dirige à la
hâte à mon appartement. Je rentre. Pas un sourire de personne, même pas du concierge.
Je me dis c’est pas grave c’est une
habitude.
Je monte jusqu'à mon étage , le 6 éme , porte numéro
66.
Arrivée,
j’allume la lumière et me déshabille , un peu comme une habitude. Il fait nuit, je suis seule. De toute manière qui voudrait d’une
petite amie qui vend son corps le soir pour l’argent ? Je ne
sais pas , mais je ne pense pas beaucoup. Même s’ils disent
nous aimer, cela semble gênant pour eux. J’enlève donc ma petite
culotte doucement, ainsi que mon soutiens-gorge.
Je me faufile dans la salle
de bain. Je me prépare un bain bien froid et j’attends. Pendant ce
temps, je me démaquille pour retrouver un peu de naturel.
Le moment
venu, j’immerge dans l’eau froide.
Le contact glacé me surprend
mais me fait du bien.
Cela change des corps chauds que j’ai
l’habitude de sentir sur le mien, partout.
Les caresses qui me
viennent et transportent la chaleur, le désir. Que cela me manque
déjà.
De ne plus sentir l'envie dans les yeux des autres.
De se
sentir plaire aux yeux de quelqu'un, même si ce n’est que pour le
corps.
De laisser ressortir notre côté sournois, et d’user de
nos charmes pour parvenir à nos fins.L’argent.
Je conçois qu’il
y a d’autres moyen de gagner sa vie, mais on ne choisit pas
forcément.
Cette
vocation m’est venue quand j’avais tout perdue.
Au bout de ma vie, après une rupture douloureuse et sans famille.
J’errais dans les
rues de Paris. Seule, je marchais. Un soir par ennuie je m’approchai d’un poteau.
Je posai ma main dessus et je me suis mise à tourner autour.
Je me sentais vivre presque. Perdue et sans moyen, faire cela
m’amuser.
Je semblais innocente. Je dansais, je rigolais presque de mes malheurs ...
C’est
ce soir là que ma vie a changé.
Dans mon élan, je sentais une
présence.
Je terminai donc ma pirouette digne d’une patineuse
artistique. Puis je me retrouvai face à l’individu à mon arrêt.
Elle
se présenta : Carmen. Je me présentai : Natacha .
Je lui
souris pour casser la gêne, et elle me le rendit.
Tactique pour mettre en confiance.
Elle m’interrogea par la suite sur mon âge, ma
profession , où je vivais etc … Je lui ai répondu, du tac sans
réfléchir. Et pourtant j’aurais dû. Elle semblait avoir pitié de
moi. Par geste de courtoisie, elle me proposa de dormir chez elle pour la nuit , je ne pouvais
pas refuser.
Sa
demeure était immense, je l’enviais. Elle m’installa dans la
chambre d’amis.
Pendant qu’elle faisait à manger, je fis le
tour de l’appartement.
La porte de sa chambre, du moins je
supposais, était ouverte.
Prise de curiosité, je m’y aventurai.
Son lit était immense, sa penderie également. Un de ses tiroirs était entre ouvert.
La tentation était trop forte, je regardai.
Il
s’agissait de petites culottes et de tenues extrêmement sexy et
cher . De quoi en faire tomber les hommes. Elle entra dans sa
chambre à ce moment là. Elle n‘était pas furieuse. Au
contraire, elle semblait ravie que j’avais trouvé son « trésor ».
Elle m’expliqua donc le pourquoi du comment.
Elle me dit que cela
m’irait aussi.
Je lui répondis donc que je n’avais pas de quoi
plaire, surtout pas avec ce corps .
Elle
ricana un instant puis me réprima presque.
Elle m’ordonna de me
déshabiller , je lui demanda pourquoi.
Elle me répliqua : « C’est
l’heure de la confrontation » .
Je ne ne ripostai pas car elle me
semblait forte et capable de me faire du mal.
Elle détailla mon
corps. Qui n'était pas très grand , assez mince , avec des vergetures, un peu
de hanche et une poitrine moyenne. Elle me rétorqua que j’étais
plaisant. je me me suis sentie gênée. Puis elle alla me prendre une «
tenue ».
Celle-ci enfilait, je me contemplai et me redécouvris presque comme fatale et bonne à plaire.
J’avais une nouvelle
image de moi, plus de confiance .
Elle
m’expliqua ensuite le processus de ce « métier ».
C‘était
étrange comme vie , de donner du corps , du plaisir en échange
d’argent .
Comme on dit c’est donnant -donnant, mais n’empêche
que je ne me voyais pas faire cela.
La curiosité a pris le
dessus: Peut-être que c'était intéressant. J'avais envie de dire à cette ambiance de la nuit: "Surprend moi!"
Pour
mon premier client, j’étais terrifiée mais excitée à la fois.
C’était bizarre ce sentiment. Comme si qu’on a envie de franchir
la porte mais en même temps on se sent bien sur le seuil.
Il a compris directement ma gêne et m’aida un peu. Me familiarisa avec cette nouvelle moi.
Au fur
et à mesure , je parvenais à donner du plaisir.
Toujours plus et
je récoltais le fuit de ma semence.
J’étais devenue une
allumeuse.
J’aimais sentir l’envie me gravir, les mains qui me
caressaient tout le corps, autrement dite mains
baladeuses.
C’était devenu la routine. Je m’amusais et quand
je rentrais, les regards et les remarques m’accueillaient à bras
ouverts .
Je
me retrouvais comme toujours entre deux clients, dans ma salle de
bain. A l'aise dans le creux de ma baignoire.
De temps en temps, il m’arrivait de me
demander si j’étais encore humaine, pour moi même ou bien j’étais
devenue pour moi même un objet ? Un objet de sexe, de désir.
Et Si la part de pulsion en moi avait prit le dessus?
De
fois en sortant de la douche, en m’apercevant dans le miroir ,
j’avais un peu le dégoût.
Je me disais que ce que je fais c’est
mal.
Que l’argent que j’avais, il était sale.
Puis je m’habille. Je mets mes collants, mon corset.
Je me fais belle, me maquille , me
coiffe.
Face à face avec moi-même, je me dis :
« C’est la vie, si on existe pour mourir
autant faire plaisir aux autres.
Il n’y a pas de mal à ça, surtout
s’il y a quelque chose en retour .»
- By Yma.
Commentaires
Enregistrer un commentaire