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Fiction : L 'Instant clé.



Image par Gerd Altmann de Pixabay 

Le silence. Ce moment de sourdine était pesant, intense, grandissant et incessant. Nous étions là, l’une en face de l’autre. Nous nous regardions dans le blanc des yeux sans pour autant parvenir à prononcer le moindre mot. La volonté y était, de parler, de s’échanger, juste éviter un silence, un blanc, un moment de gêne mais la réalité nous avait rattrapé. Face à ce moment de proximité, nos sentiments s’affolaient en silence, du moins dans la discrétion. Nos corps, nos âmes étaient en effervescence sonore. Nous étions là, rendues à l’affrontement entre deux cœurs. A la vérité. A la beauté des sentiments humains. Pourtant, rien ne sortait et le silence continuait de s’éterniser longuement dans le temps. Plus les minutes défilées, presque les heures voire les années, plus je ne regrettais pas ce malaise sentimental auquel je me prêtais. Elle était là, près de moi et ne partait pas, c’était le plus important. Même si  j’attendais ce moment de révélations, de lyrisme déclaratif envers elle, plus rien n’importait.  

Certes, j’avais un «  coup de cœur » sur elle depuis longtemps. Je souriais à la moindre parole qu’elle m’envoyait par message. Je pensais à elle quand mes émotions jouaient avec moi. Quand tout allait bien ou mal. Elle était toujours dans un coin de ma tête que je veuille ou non. Penser à elle était comme un automatisme, une respiration. Certes, je savais que je  l’aimais. Qu’elle m’avait transpercé l’être par ses sourires, sa joie de vivre, par ce qu’elle était. Oui, il y avait tout ça et plus encore, mais les mots me manquent, mais lui dire. Lui dire là, maintenant, face à elle,  dans cette parenthèse temporelle, «  je t’aime », «  tu me plais », « je crois que je t’aime bien. En fait non, j’en suis sûre », enfin tout ce lexique, ces mots décorés de romances, je n’arrivais pas.  

Plus je la regardais, plus elle me plaisait par sa simplicité. Plus je me disais que même si je ne m’exprime pas verbalement, mon cœur, mon être parlait avec un autre langage imperceptible à certaines oreilles. L’âme se manifeste bruyamment mais discrètement, quand il se sent en symbiose avec  quelqu’un. En fait, j’avais peur. L’angoisse m’habillait à l’idée que mes paroles lui fassent peur, de la non réciprocité. Que cela nuise à ce que nous avions construites, peut-être que  c’était bancal, maladroit, moche, sans valeur mais il y avait quelque chose et cela je ne voulais pas le perdre. Cela me terrifiait que mes mots puissent faire office d’un coup de feu dans nos vies. J’étais morte de trouille  à l’idée qu’elle parte de ma vie juste parce que je lui disais ce que je ressentais. J’avais peur du rejet, qu’elle me rejette. Que cela soit le début de la fin tout simplement. Qu’elle trace un trait sur un nous qui n’aurait pas réellement existé et qu’elle me raye de sa vie. Que tout cela soit fini.  

Je me disais, qu’il fallait que je me ressaisisse. J’étais capable de faire énormément de choses alors pourquoi je butais à l’idée de dire à la personne que j’aime ce que je ressens ? Pourquoi cela arrivait-il à moi ? Pourquoi me plaisait-elle autant ? Est-ce qu’elle ressentait la même chose pour moi ? Qu’avait-elle de plus que les autres ? Elle me dévisageait à présent. Elle ne disait rien mais cela se voyait qu’elle était gênée et qu’elle voulait être ailleurs. Pourtant, elle en était libre mais elle était toujours en face de moi, depuis un petit moment. Pensait-elle que j’allais lui annoncer quelque chose ? Attendait-elle quelque chose de moi ? Soudain, un sourire se dessina sur mon visage à l’idée qu’elle voulait se livrer elle aussi sur ses sentiments. Toujours sans parler, nos regards en disait long.  

Le silence commençait à peser autre part que dans l’art. Mon cœur était comme une bombe à retardement. Le moment était là et je laissais filer l’opportunité de me vider. De laisser extérioriser les palpitations de mon cœur. De laisser sortir tout ce qu’elle me faisait ressentir. C’était le moment du lâché de papillons mais je retenais la chose. Il fallait que je lâche prise pour me soulager de ces mots à travers de ma gorge, bloqués, qui en ricochet provoqueraient mes maux.  

J’essayais de me faire la conversation dans ma tête. C’était étrange d’imaginer la scène elle-même mais cela me réconfortait dans mon angoisse. Dans mon esprit, tout cela se passait sans encombre. C’est dans ces moments-là, que tu aimerais pouvoir te frapper, littéralement, du moins se ressaisir et te donner du courage.  

Le temps commençait à avoir des retombés. Elle ne semblait plus être rattaché à mon centre de gravité. Le silence s’était rompu au moment où son corps changea de position et se redressa. Elle allait partir et le moment opportun également. Il fallait que j’agisse rapidement avant que je ne lui laisse que ces moments sans parole, ces romances inexprimées, en guise de souvenirs. Il fallait que je tente quelque chose, n’importe quoi. Le miracle opéra.  

Je sortis de mon introspection et mon corps sembla reprendre de ses fonctions. Je la regardai se mettre en mouvement épousant les courbes de ce silence si tenace qui était encore présent quelques minutes auparavant. Je me disais :  «  c’est maintenant ou jamais » et de mes lèvres, timides et très loin d’être sûre d’elles, s’échappa deux mots tels des petites brides dans l’écume moment qui continuait à se prolonger : «  Reste, je t’en prie » et elle se retourna.  

                                                                        - By Yma. 

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