Tourmentée, c’est comme ça que je me ressentais. Prise d’émotions vive et
forte pendant mon sommeil, je n’arrivais pas à tenir en place. Je ne cessais de
bouger à la moindre de minute que me permettait le temps. Chaque seconde défilait
et je me retrouvais dans un sens puis
dans l’autre. J’en arrivais à en être sens dessus dessous. Pire encore, j’en
tombai même de mon lit. Enfin, lit , c’est ce qu’on pourrait appeler de ce qui
me sert de cercueil douillé pour mes nuits de vivante. C’est ce que mes parents
m’ont laissé quand ils m’ont laissé vivre seule dans ce petit appartement qui
me sert de pied à terre. Je dis petit mais cela est convenable pour ma
personne. Il y a un séjour assez lumineux, une cuisine ouverte, un peu à
l’américaine avec une touche de rétro, un balcon, une chambre et une pièce
d’intimité où je pouvais me purifier l’esprit et le corps. Mes parents m’ont
laissé à mon autonomie pour que j’apprenne de la vie. C’était un peu une
punition, pour avoir été trop faignante et si assistée dans la vie. Ils ne
m’ont même pas donné de notice pour que je m’en sorte, même pas un tout petit
peu. Et on n’appelle pas une famille ? Pff, ce n’est plus ce qu’il en
était.
Je regardai l’heure via mon cellulaire, qui ne me quittait presque pas.
C’était un peu comme une extension de moi-même, une continuité. Il était 4
heures du matin. J’écarquillai les yeux avec peine, en raison de la luminosité
aveuglante de l’écran et par cette révélation. J’avais ma pré-rentrée dans
quelques heures et la nuit ne semblait pas être mon amie. Honnêtement, j’avais
besoin de tout sauf d’une insomnie !
J’essayai de me calmer du mieux que je pouvais mais c’était en vain.
J’angoissais éperdument en vue de cet événement qui n’était qu’un vulgaire
rassemblement de personnes de ma génération, plus ou moins. Ce n’était qu’une simple formalité et pourtant c’était
littéralement, la panique à bord. J’avais l’impression qu’à l’instant où je
fermais les paupières, des milliers de boutons rouges resplendissaient dans ma
tête et me faisait perdre pied et le contrôle. Je m’agitai de plus bel et puis
…
Je sentis que la pièce devenait de plus en plus humide. Je regardai si la
fenêtre était ouverte mais rien du tout. Aucune pluie à l’horizon ne semblait
se déclarer. Hormis… Eh oui, hélas, il y avait une perturbation forte mais elle
n’était guère à l’intérieur. Je portai la main à mon front et compris
directement. C’était moi qui alimentais une telle ambiance. Cette sensation qui
me prenait de court et me faisait otage de la nuit. Cette montée de peur et
d’angoisse qui m’empêchait de voir clair, d’entrevoir une once de quiétude. Me
voilà encore abandonnée.
Regard furtif sur le fuseau horaire, 5h30, rien pour me rassurer. Je
m’assis sur mon lit et mit l’oreiller entre les jambes, afin que cela me serve
de doudou. Je fermais les yeux et tentai de faire le vide afin de mettre un peu
d’ordre dans ma tête. Dans ma solitude, j’entendis mes craintes qui se
tassaient dans le recoin de ma tête. Au début, ce n’était que des murmures tout
doux puis elles montèrent dans les tours et m’accablèrent de plein fouet. Elles
se faisaient de plus en plus forte et je n’arrivais pas à les combattre. Je ne parvenais pas à me raisonner. Je me laissais envahir par ce
tsunami d’insomnie. Je sentais en moi l’afflux des larmes qui commençaient à
venir. Un petit flot de sentiments bien humidifié. L’insomnie me maintenait au fond de l’abysse,
attachée avec le poids de mes sentiments en tant qu’ancre.
Je tournai la tête vers la fenêtre de ma chambre. Elle était toujours
fermée mais différente. La lueur du soleil commençait à se manifester. Il
ressemblait à l’espoir. Pendant un court instant, une brève dans l’histoire du
temps, mon esprit y crut. Il y vit de la lumière, du bonheur, du renouveau,
quelque chose d’apaisant. Puis les démons, le plumage d’ébène de mes émotions
reprit le dessus sur ce début de page blanche sereine. Plus il montait dans le
ciel, à petite dose, tout doucement, sans se presser, plus mon sourire
descendait davantage. Je me rendais compte, à ce levé du soleil, que ma joie
était partie dormir et que mon corps demandait à suivre. Cependant, mon
angoisse, qui alimentait mon soleil froid, ne voulait rien entendre.
Elle me maintenait réveiller. J’étais la proie de sa marionnette. Hors de
contrôle de mon existence.
Je refermai les yeux, encore. Comme cela, j’avais l’impression de dormir,
un tout petit. Dans ce genre de situation, « avoir l’impression » c’est déjà
beaucoup. Je dormais éveillée pendant quelques instants qui me semblaient une
éternité de repos. Je me sentais épuisée. Vidée de cette nuit de lutte
émotionnelle. Les larmes sortirent encore , crièrent garde sans que je ne
puisse les retenir. Un véritable torrent sortit des miroirs de mon âme. Je me
sentais nulle. Faible.
Incapable de tout. Je n’avais plus
de force. Je n’arrivais plus à croire en moi. C’était batterie faible, morte.
Je me sentais seule, incomprise. Vide.
Je me projetai à la journée que je devais avoir. Au
discours que je devais entendre. Les mots que je devais présentaient. Les
visages qui allaient s’offrir à moi. Des silhouettes d’inconnus. Les sourires
que j’allais devoir esquisser par politesse ou encore, ma foi, par sincérité.
Les efforts émotionnels que cela me demandait.
Je ne me sentais pas capable d’avance.
Je pris l’oreiller qui séjournait au creux de mes jambes et je le mis
face à moi, à mon visage. Je le regardai avec tendresse pendant un bref
instant, puis mit ma tête dans son
creux. Je voulais éteindre toutes ses voix néfastes qui cohabitaient dans ma
tête et lapidaient toutes lueurs d’espoir. Je voulais juste aller bien, pour
une fois. Cela faisait un moment que ça durait.
« 5 mois … », me dis-je avec un soupir.
Tant de semaines que les démons du passé ont fait ravage en moi. Tant de
jours où j’essayais d’aller bien à travers des séances de psy, des bodys
positives, des good vibes. Tant de minutes où chaque sourire était une
victoire, une ellipse d’espoir. Tant de secondes, seule dans cet appartement à
me préparer psychologiquement à cette fameuse pré6rentrée. A ce retour sur les
bancs de l’école. Ce lieu de socialisation. Ce théâtre de vie, où j’aurais
voulu avoir une doublure. Surtout quand les tragédies épousent tellement le 4éme mur que cela semble un peu trop réelles.
Tant de temp est passé depuis cet incident qui a créer une blessure qui a
du mal à cicatriser encore aujourd’hui. C’est un trou béant de mon âme que même
les pommades ne pourront rien y faire. Le temps est passé mais je ne parviens
pas à oublier tout de même. Cette journée fait partie de moi. Pourtant,
j’aimerai tant qu’elle ne soit plus rien à mon égard. Ou alors un mirage.
Cependant, c’était bel et bien une image nette et indélébile. Un vrai tatouage
dans la mémoire.
Ce souvenir, si intense et malheureux qui l’était, agissait
en moi comme un blocage. Tout rapport avec l’école me ramenait à cela. A cette journée qui avait commencé de manière
banale mais la fin c’était autre chose.
Je m’en souviens bien comme si c’était hier. Je revois encore
la scène tout parfaitement dans les moindres détails. On était avec mes amies dans l’université, en plein été. Il y avait un
garçon dans le groupe. C’ était mon ami d’enfance. Je l’appréciais
beaucoup . Il y avait un réel lien de confiance entre nous. On s’était
rencontré dans le bac à sable et depuis on ne s’est pas quitter. Nos mères se
connaissaient très bien. Il faisait partie de ma famille pour moi.
Entre nous on discutait tranquillement de choses et d’autres.
On avait eu une longue journée et on se posait à une table. On avait pris à
manger et on savourait l’instant entre ami.e.s. Puis au bout d’un moment, mes
amies ont commencé à partir car elles avaient d’autres occupations. On se saluèrent
de la main. Mon ami lui était rester. Je n’habitais pas loin de l’université et
je n’avais pas envie de rentrer. On décida de faire un tour dans la faculté. On
croisa d’autres amis. Puis, brusquement, mon ami me dit qu’il voulait me dire
quelque chose. On s’éclipsa donc du groupe, suivi de regard rempli de sous-entendus
de la part des autres.
On s’éloigna donc de quelques mètres et on se posa un
instant. Le silence s’installa jusqu’à ce que je le rompis en lui demanda avec
insistance la raison de cette entrevue. Il me dit, pour me rassurer un peu, que
j’allais comprendre au fur et à mesure. Or, je n’étais pas du tout sereine. Je
voulais partir car je trouvais ça
bizarre mais une part de moi voulait tout de même connaître le fin mot de l’histoire.
Le silence reprit un instant. Je n’intervenais pas car j’ étais perdue
dans mes réflexions. Lui, en revanche, le brisa. Il commença un monologue dans
lequel il exprimait les sentiments qu’il avait pour moi et qu’il était arriver
à un stade où il ne plus se cacher. J’acquiesçai dans la foulée, le temps de
bien assimiler. Il continua avec un discours très passionné et utopique de nous
deux. Je trouvais cela vraiment très mignon au début mais au fur et à mesure de
sa confession, je me sentais mal à l’aise. Je me disais que j’avais entendu ce
qu’il avait à dire et que je pouvais partir. Que tout irait bien car on était
ami après tout. Je lui faisais confiance.
Je lui tournai le dos et commença à m’en aller. Il était
tellement impliqué dans son tirade qu’il ne remarqua pas de suite mon absence. A
ce constat, il se précipita vers moi, me prit la main. Je me retournai et lui
dit que je ne voulais pas. Je n’étais pas intéressée même si c’était gentil de
sa part. Il ne voulait rien entendre. Il se rapprocha de moi et me fit une
accolade. Cette étreinte ne pressentait rien de bon. J’ai voulu me débattre
mais il avait une certaine emprise sur moi. Il mit la main sur ma bouche pour
m’empêcher de crier. J’étais sa proie.
Il regarda autour de nous pour vérifier qu’il n’y avait
personne. Il prit peur. Il ne voulait pas que ça se passe de la sorte. Je le
sentais. Je le connaissais. Mais ma réaction avait changé la donne. Il ne
semblait plus être le même. J’avais peur sincèrement mais je me sentais
impuissante. Des personnes passèrent près de nous par la suite. Il changea ma
posture pour ne pas remarquer que j’étais une victime. De loin, c’était comme
si je lui faisais un câlin alors que la réalité était tout autre.
Il attendit quelques minutes puis profita que les lieux étaient
vraiment désert pour m’emmener encore plus loin. « Par précaution ? »,
me demandais-je. En tout cas, cela n’annonçait rien de bon du tout.
Il faisait nuit, je n’arrivais pas à savoir où est ce qu’on
était dans la faculté. Je ne me sentais pas en sécurité, c’est tout ce que je
savais. Au bout d’une bonne dizaine voire d’une trentaine de minutes, nous
étions arrivés à bon port. Du moins je le supposais. Il faisait sombre. Il y
avait peu d’éclairage voire pas du tout. Le lieu était un peu humide. Rien de
rassurant du tout.
Il me relâcha un moment. Cela me soulagea et j’eu l’impression
de reprendre mes esprits. Cependant, cela dura peu de temps. A peine relâchée,
je n’eu pas le temps de m’échapper qu’il s’empara de quelque chose pour m’attacher
les mains et me bander les yeux.. Il me murmura des paroles à mon oreille, avec un amer " je t'aime". Il devait penser que cela aller me détendre
mais c’était tout l’inverse. J’étais encore plus terrifiée. Puis la descente
aux enfers commença. Il commença par enlever délicatement ma veste puis mon chemisier
qui était léger. Il en déboutonna les boutons avec délicatesse. Il se voulait tendre, « c’est une bonne
chose » me dis-je un peu inconsciemment pour me rassurer et essayer de
trouver la situation normale.
Il eut
accès à mon tee-shirt, cette couche de
vêtement avant mon soutien-gorge. Il s’y attela un moment. Il parcourra ses
mains sur mon corps. Je continuai de me défendre mais dans sa folie perverse,
il ne m’entendait pas. Ensuite, il
enleva mon tee-shirt et révéla ma poitrine pour son plus grand plaisir
terrifiant. Je sentis, même privée de vue, que cela le satisfait du plus au
point. Il gloussait de plus belle. Il me rendait malade. Il me massait les
seins. Je profitai de cette dangereuse proximité pour lui donner un coup de
pied où je pouvais. Cela ne lui donna pas l’effet que je désirais. Pire, il
était devenu violent. Il me cria dessus, m’insulta et me gifla pour que je me
tienne à carreau.
Je voulais trouver un moyen de m’échapper par
ce geste mais je n’avais fais que l’énerver. A ce moment là, j’ai eu vraiment
peur. Je pensais mourir ici. Son regard était presque assassin tellement qu’il
était pris dans une fureur noire. Puis, il abaissa avec force mon pantalon et
pénétra en moi pour me faire taire. Plus je me débâtais et plus il s’avançait
en moi, avec force, fugue, passion malsaine et colère. Il s’immisça en moi,
dans mon intimité, avec des aller-retour fréquents et non consentis. Il termina
une première fois et se retira. Il reprit son souffle et me regardait. Je ne le
voyais pas mais je sentais qu’il avait un regard fière de ce qu’il venait de faire. Il me retourna et recommença encore
et encore. Au bout d’un moment, me pénétra ne le suffisait plus. Il prit son
pénis en érection et le mit de force dans ma bouche. Je n’avais compris au début mais quand ce fut
le cas, je me suis mis à pleurer. La situation devenait de plus en plus pire. Son
engin avait un goût horrible. J’avais envie de la mordre pour me venger mais j’avais
peur des représailles. J’étais terrifiée de ce qui pouvait encore survenir. Je me disais est-ce qu’il y a pire ?
Voyant que je n’avais de réaction coopérative, il fit des aller-retour dans ma bouche.
Il prenait du plaisir, je le sentais et je l’entendais. Il en prenait mais moi
j’étais juste tétanisée par tout ça. Je me sentais souillée. Il finit par jouir
en moi avec des gémissements intenses. Je pleurais mais il s’en fichait. Il ne
pensait qu’à lui. Mon ami d’enfance n’en avait rien à faire de moi. Il me
laissa un moment. Je le sentais s’éloigner de moi et je l’entendis parler au
téléphone puis plus rien. J’avais comme perdue un peu connaissance, tellement c’était
éprouvant.
Puis je me réveillai, en cri et en pleurs. Le
calvaire avait repris mais il y avait quelque
chose de légèrement différent. Une autre voix, un autre intrus en moi.
Je n’arrivais pas à y croire, il avait demander du renfort. Il y avait une autre
personne qui était complice de ce qui se
passait. Ils s’occupèrent de moi sans relâche et avec force. Ils me mirent dans
plusieurs positions pour leur plus grand plaisir. Ils utilisaient tous types d’accessoires
pour assouvir leurs fantasmes.
Enfin, cela cessa. Je ne sentais plus rien
moi. Je me sentais soulagée de cela et d’être encore en vie. Du moins, je l’étais
oui mais à l’intérieur c’était le contraire. Je n’entendis plus rien autour de
moi. J’attendis un peu de temps par précaution. Je me suis mise automatiquement
à crier mais c’était en vain, personne ne m’avait entendu. J’étais seule,
dépitée, souillée et sale dans cet endroit lugubre. Je m’effondrai de fatigue physique
et émotionnel.
Quelques temps après, je ne sais pas
exactement, j’entendis quelqu’un. J’avais peur, j’étais craintive. Je pensais
que c’était lui. Qu’il était revenu pour recommencer. Mais le son de la voix
était différente. On m’aida à me relever et on enleva les liens que j’avais au
main ainsi que le bandeau sur mes yeux. Je me sentais enfin libre et honteuse.
La personne a voulu savoir le contexte mais je n’ai rien et je me suis contentée
de la remercier.
Suite à ce drame, je me suis renfermée sur moi-même.
Comme une huître. Je n’arrivais pas à aller mieux. J’avais le dégoût de
moi-même. Au bout de quelques temps, j’ai réussi à en parler. Je n’ai pas dis toute la vérité
mais assez pour changer de campus, acquérir un nouvel appartement, une nouvelle
vie. Le temps passa, des valises se sont faites et défaites. Des démarches en
tout genre se succédèrent pour arriver là où nous en sommes :
Moi, perdue, dans mon nouvel appartement, pour une
nouvelle année scolaire, dans un nouveau campus, la boule au ventre et avec ce
souvenir de cette journée où je me suis fait violée dans l’enceinte de mon
ancienne université. A ce moment où un corps étranger, celui de mon ami d’enfance,
sans ma permission, ni mon consentement, à trouver juste de s’inviter en moi. Mon
ami d’enfance venait de me violer et par
la même occasion de me briser.
- By Yma
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